Régulièrement, Léon le Festivalier évoque certains de ses souvenirs souvent anecdotiques de la scène jazz.

Miles Davis

Festival Newport à Paris, novembre 73

 

Ma présence lors du passage de Miles Davis dans ce festival a été pour moi l’une des expériences jazzistiques parmi les plus excitantes, en dehors de l’effet de la musique produite.

J’étais dans une période où je faisais de la photo en pur amateur et pour le festival j’avais apporté mon FTB Canon, un honnête appareil sans plus. Je l’avais doté d’un petit téléobjectif 135, rien de spectaculaire, surtout comparé aux extravagants téléobjectifs que les pros utilisent lors des concerts ou autres manifestations.

Je m’étais approché de la scène, tout prêt, sur le côté droit lorsqu’on lui fait face et j’ai entrepris de canarder Miles Davis dans son concert. J’étais donc un petit jeune avec du matériel clairement amateur et pourtant Miles s’est mis à jouer avec moi alors que je prenais clichés sur clichés. Il m’a repéré alors qu’il était au milieu de ses musiciens, s’est dirigé vers moi et s’est comporté d’une manière je pense inhabituelle venant de lui, souriant, rigolant presque tout en me regardant. Ce petit manège a duré un long moment.

Sur le coup, je me suis dit « quel cabot ce Miles Davis ! » car j’ai pensé naïvement qu’il croyait avoir à faire un à véritable photographe. Mais il était trop malin pour cela, et il n’aurait pas manifesté un comportement aussi sympathique avec un photographe pro. Mon sentiment est que cela l’a intéressé de voir un jeune fan s’approcher autant de la scène et il s’en est amusé. Il m’en reste de nombreuses photos -en argentique, malheureusement pour la qualité.

Miles Davis me repère

Puis s'approche

Souriant

L’évocation du jour est consacrée au Festival Newport in Paris, novembre 1973.

Dans ce premier numéro il est question des prestations de Roland Kirk et de BB King ; Miles Davis, Duke Ellington et Sarah Vaughan suivront prochainement.

Toutes photos prises lors du festival)

Roland Kirk, multi-instrumentiste capable de jouer de plusieurs instruments simultanément (dans un même concert il pouvait utiliser plus de quarante instruments et accessoires -sirènes, sifflets, etc) n’est pas considéré comme un phénomène de cirque, mais bien comme un musicien excellent et un créateur inspiré. Son instrument principal est le saxo ténor et il jouait parfois de trois saxos ou assimilés en même temps. On lui reconnait un rôle dans l’évolution du jazz vers le jazz-rock.

Lors de ce festival, il a produit une musique tout simplement efficace et belle.

 

Photo 1 : Roland Kirk jouant de la flute par le nez tout en chantant.

Photo 2 : Roland Kirk avec un bazar d’instruments autour du cou et devant lui sur la table.

 

BB King.

J’ai eu la chance d’assister à plusieurs concerts de BB King à l’occasion de divers festivals. J’ai noté qu’il reproduisait toujours les mêmes facécies, gestes et grimaces afin d’illustrer le texte de ses blues. Dans la photo ci-dessous il fait toujours le même geste des deux doigts pour accompagner le texte « …and the postman he'd better ring more than twice ». BB King ignorait-il que ce geste est injurieux en Angleterre (une sorte de doigt d’honneur) ? mais nous étions à Paris (où l’on n’a jamais de geste déplacé).

 

Photo 3 : BB King avec la légende « The postman he'd better ring more than twice”